Il y a urgence ! Notre pays va devoir choisir entre deux projets politiques radicalement différents. Certaines personnes, revendiquant leur identité catholique ont annoncé qu’elles voteraient Marine Le Pen, et d’autres, qu’elles refuseraient de choisir entre les deux finalistes. Nous respectons leur choix : entre l’appartenance chrétienne et les choix politiques, il n’y a pas de continuité mais un discernement, une prise de risque, déterminés par les sensibilités et les solidarités de vie. À notre tour, nous, qui sommes également chrétiens, souhaitons énoncer les raisons qui nous conduiront à voter Emmanuel Macron le 7 mai prochain.
Marine Le Pen prétend se faire l’écho du cri et des souffrances d’une partie de celles et de ceux qui se sentent exclus des opportunités de la mondialisation, méprisés ou ignorés par la « France d’en haut ». S’il faut prendre au sérieux la détresse de ces personnes, il faut reconnaître que les solutions que propose Marine Le Pen sont dangereuses et néfastes pour ceux-là même qu’elle dit vouloir défendre. La sécurisation qui reposera sur l’exclusion d’autres personnes en situation de fragilité, alimentera la rancœur sociale. La dénonciation des élites n’est qu’opportunisme. Ces solutions ne peuvent nous satisfaire. Au-delà des enjeux moraux, elles nous semblent foncièrement dangereuses pour l’harmonie sociale et pour la dynamique économique.
D’un point de vue international, la sortie de l’Union européenne et des grands traités aura des conséquences économiques catastrophiques. Dans l’histoire récente, les nationalismes économiques et politiques ont toujours conduit vers la guerre. Dans les années 1930, comme dans l’actualité récente, les leaders populistes se soutiennent dans la conquête du pouvoir avant de s’affronter une fois devenus maîtres du terrain de jeu international. La paix mondiale, que nous connaissons depuis 1945, repose sur des mécanismes de sécurité collective et de coopération supranationale qui n’ont pu voir le jour qu’au prix de deux guerres mondiales qui ont fait plus de 60 millions de victimes.
La proposition de Marine Le Pen de neutraliser religieusement l’espace public nous paraît aberrante. Attentatoire aux libertés individuelles, cette mesure alimenterait les luttes pour la reconnaissance, renforçant les communautarismes. C’est lorsque nous sommes reconnus dans notre identité profonde que nous pouvons donner le meilleur de nous-mêmes au collectif qui nous accueille. Si le discours a été poli, si un effort de respectabilité a été fait concernant ces candidats, nous ne pouvons ignorer les nombreuses connexions qui continuent à exister, notamment sur Internet, entre le Front National, la sphère néo-païenne des Identitaires, et tous ceux qui font de l’alimentation des haines et des peurs leur fonds de commerce.
En citoyens libres, nous portons sur Emmanuel Macron des jugements contrastés. Certains parmi nous sont sensibles à sa volonté d’apaisement et de réconciliation, sa capacité à penser la complexité, ses qualités d’empathie. Ils se reconnaissent dans son projet de société inclusive. D’autres sont plus réservés et critiquent une forme de libéralisme sociétal insensible aux plus fragiles. Comme le candidat d’« En Marche ! » l’a dit à plusieurs reprises, la mission d’un président de la République est de garantir le respect de la constitution, la continuité de l’État et le bon fonctionnement des institutions. C’est au Premier ministre, issu du parti qui arrivera en tête aux élections législatives du mois de juin, qu’il appartiendra de déterminer la politique de la nation et de gouverner. Pour l’heure, il s’agit de choisir la personnalité qui pourra présider de manière apaisée et réparer une France divisée et meurtrie. Seul Emmanuel Macron nous donne ces garanties.
François Ernenwein, journaliste, président de Confrontations
Hervé Legrand, théologien, vice-président de Confrontations
Françoise Parmentier, sociologue, membre du bureau de Confrontations
Jean-Louis Piednoir, mathématicien, président d’honneur de Confrontations
Guy Coq, philosophe, membre de Confrontations
Geneviève Dahan-Seltzer, sociologue, membre de Confrontations
François Euvé, théologien, membre du bureau de Confrontations
Bertrand Galichon, médecin, membre de Confrontations
Isabelle de Lamberterie, juriste, membre du bureau de Confrontations
Marc Leboucher, éditeur.
Laurent Lemoine, psychanalyste, membre du bureau de Confrontations
Charles Mercier, historien
Florian Michel, historien
Michel Sot, historien, membre du bureau de Confrontations
Christophe Henning, journaliste, membre de Confrontations
Antoine Sondag, membre de Confrontations
Antoine Paumard s,j directeur JRS France
Pierre Arlaud, juriste, membre du bureau de Confrontations
Dominique Chivot, journaliste, membre de Confrontations
Catherine Withol de Wenden, directrice de recherche au CNRS
Guy Aurenche, avocat honoraire
Catherine Gremion, sociologue CNRS
Patrick Boulte membre fondateur de Solidarités Nouvelles face au Chômage et membre de Confrontations.
Gauderique Traub, ancien élève de sciencespo, membre de Confrontations
Cette pétition sera remise : tous les chrétiens de France
Pour signer la pétition, cliquer sur le lien suivant : Il y a urgence
Peinture de Egon Schiele