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1er dimanche de Carême |
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Rameaux et Passion |
1er dimanche du carême
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc
Lc 4, 1-13
Après son baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours,
il fut mis à l'épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre. »
Le démon l'emmena alors plus haut, et lui fit voir d'un seul regard tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m'appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si
tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras. »
Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il
donnera pour toi à ses anges l'ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé.
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L’imagination du démon
Christine Fontaine
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Entrée en société
Michel Jondot
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Alors Jésus fut tenté
Christine Fontaine
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L’imagination du démon
Comment séduire ?
Tenter quelqu’un consiste souvent à l’inciter à faire le mal. Mais personne ne se laissera jamais tenter s’il sait que ce qu’on lui propose va faire son propre malheur. Il faut trouver des arguments pour le séduire, lui cacher qu’on veut lui nuire. En fait tenter quelqu’un c’est chercher à lui faire prendre le mal pour le bien, le malheur pour le bonheur et la mort pour la vie. C’est ce que le démon tente avec Jésus. Si cet homme est fils de Dieu, le démon est prêt à le croire. Mais pour cela il faut que Jésus fasse ses preuves en suivant ce que le démon lui dit. Ce dernier insinue qu’il n’agit ainsi que pour le bien de Jésus. En effet le fils de Dieu n’est-il pas venu en ce monde pour être reconnu ? Et si le démon lui-même le reconnaît qui lui résistera par la suite ? La victoire de Dieu n’est-elle pas assurée lorsque dès le départ son ennemi est vaincu ? N’est-ce pas tentant pour Jésus ?
Mais le démon n’a aucune imagination. Il ne peut pas imaginer que ce qui le tenterait lui-même ne soit pas aussi ce qui pourrait séduire Jésus. Ce que veut le démon c’est être libre de toute entrave, c’est-à-dire – selon lui – avoir un pouvoir sans limite sur la nature et sur les autres. Ce qu’il veut n’est pas seulement avoir ce pouvoir mais qu’il soit – sans contestation possible – universellement reconnu. Il ne peut pas imaginer qu’il en aille autrement pour Jésus.
Les tentations
« Jésus ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : ‘Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain.’ » C’est assurément ce que le démon aurait fait s’il eut été à la place de Jésus. Quand on a manqué de nourriture pendant 40 jours et que ce manque en vient à torturer le corps, si on a le pouvoir de transformer un caillou en une miche de pain, pourquoi s’en priver ? Et si, par surcroît, le fait de réaliser cet exploit permet de convaincre son ennemi qu’on est le maître du monde créé, alors il n’y a vraiment plus aucune raison d’hésiter. Le démon pour sa part à coup sûr aurait tout de suite saisi l’occasion d’affirmer sa toute-puissance en même temps qu’il aurait échappé à la douleur charnelle. Mais Jésus repousse ce qui aurait séduit le démon.
Alors celui-ci met en place un autre stratagème. Cependant il n’a pas plus d’imagination la seconde fois que la première. Jésus a refusé de manifester sa toute puissance sur la nature, mais il ne pourra pas renoncer à vouloir l’exercer sur l’humanité. Ne vient-il pas pour être reconnu comme le Maître et Seigneur de tous les hommes ? Alors « le diable montre à Jésus tous les royaumes de la terre. Il lui dit : ‘Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » A coup sûr, tout ce qui – sur cette terre – est régi par le droit du plus fort appartient au démon ! Il ne connaît pas d’autres moyens d’être reconnu par l’humanité entière que d’être le roi des rois, le tout-puissant au-dessus des puissants. Lui seul a effectivement le pouvoir d’aliéner l’humanité sous une dictature absolue. Il ne peut concevoir d’autres moyens d’être reconnu. Là encore Jésus repousse ce qui paraissait séduisant au démon. Il refuse de s’imposer aux hommes. Il n’a aucun goût pour cette toute puissance qui rendrait l’humanité esclave de Dieu. Il vient certes pour être reconnu par les hommes mais il préfère que cette reconnaissance lui manque plutôt que de la leur imposer.
Pour le démon, être libre de toute entrave consiste à exercer son pouvoir sans limite que ce soit sur la nature ou sur l’humanité. Jésus l’a tour à tour refusé. Le démon est déconcerté ! Il n’imagine toujours pas que ce qui le tenterait lui-même pourrait ne pas du tout séduire Jésus. Alors il tente sa chance une dernière fois. Puisque les deux premières tentations n’ont pas eu de prise, il lui reste à faire de Jésus le propre tentateur… de Dieu ! Pour arriver à ses fins, il conduit Jésus au sommet du Temple. En vérité, c’est le démon qui est au sommet de sa duplicité. Lorsque Jésus avait renoncé à manifester une toute puissance sur la nature il avait dit : « L’homme ne vit pas de pain seul mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Au sommet du Temple, le démon le prend au mot : il lui cite la Bible autrement dit des paroles de Dieu. Il lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Charge à Jésus de prouver qu’il vit bien de « toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Charge à Jésus de tenter à son tour son Père en l’obligeant à prouver qu’il ne ment pas et qu’il est bien le tout-puissant. Alors Jésus lui répond par une autre parole de Dieu : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Fin des tentations.
Les leçons de l’histoire
Au terme de ce récit nous avons appris beaucoup sur le démon ! Il n’a pas d’imagination : il lui est inconcevable que la volonté de puissance puisse ne pas être séduisante. Il ne peut imaginer la vie que dans un rapport de domination des hommes sur la nature, des hommes entre eux et de Dieu sur l’ensemble de l’humanité. Il ne peut imaginer Dieu qu’à son image.
Au terme de ce récit, nous avons appris beaucoup sur Jésus. Même si nous sommes parfois tentés de suivre le démon dans son désir de toute puissance, il y a parmi nous quelqu’un qui sait déjouer tous ses pièges. Jésus-Christ est l’Autre du démon, tellement Autre que le diable n’a aucune prise sur lui. L’Autre qui refuse de s’imposer ou d’imposer son Père ; l’Autre qui acceptera toujours d’être méconnu.
Au terme de ce récit, nous avons appris que la Toute-puissance de Dieu, grâce à Jésus, est victorieuse de celle du démon ! Mais c’est la toute puissance d’une amitié sans faille pour l’humanité, d’un amour qui respecte la liberté de l’autre au point de préférer mourir plutôt que de chercher à convaincre de force. Pour le démon, la liberté consiste à s’imposer. Pour Dieu, la liberté consiste à s’exposer. « La vérité vous rendra libres », dit Jésus ailleurs dans l’Évangile. Elle nous rendra libres à l’égard de toute tentation d’exercer une quelconque volonté de puissance. Elle nous rendra libres de désirer vivre à la ressemblance et à l’image de Dieu. Libres de ne plus prendre le mal pour le bien, le malheur pour le bonheur et la mort pour la vie !
Christine Fontaine
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Entrée en société
Sortir de la quarantaine
Lorsque des voyageurs arrivent, venant d’un pays éprouvé par une épidémie, on les met à l’écart de la société, le temps qu’il convient pour être assuré qu’ils ne contamineront personne. La Bible, déjà, obligeait les juifs présentant des symptômes suspects à vivre loin de toute communauté humaine. Pour désigner cette mesure on parle de « mise en quarantaine ».
Le mot « quarantaine » désigne également les mesures qu’un groupe peut prendre à l’égard de l’un de ses membres. Si quelqu’un, dans une communauté, est un poids pour son environnement, si on veut se protéger de lui, on décide de couper toute relation avec lui, au moins pour un temps. On s’arrange pour ne plus l’écouter et pour ne plus lui parler. Là encore on veut le « mettre en quarantaine ».
Sortir de la quarantaine est une manière de dire que sont terminés les jours de l’exclusion. Sortir de la quarantaine est un moyen de dires l’entrée ou le retour en société.
Le besoin d’autrui
Tel est le sens, sans doute, de cette page d’Evangile. Jésus s’était mis « en quarantaine ». Le désert dit la distance entre le lieu où il s’était retiré « pendant quarante jours » et la société où les hommes vivent en commun. Jusqu’à cette date, semble-t-il, il n’avait guère quitté les limites de Nazareth. Juste après la rencontre du Baptiste et juste avant sa retraite au désert, Il avait croisé les foules auprès du Jourdain sans avoir pris le temps de leur parler, se contentant de partager leur désir de pardon et de pureté.
De ce séjour dans le désert, nous ne connaissons que la fin de ce temps de solitude et de silence. C’est sans doute une manière de nous faire entendre que Jésus est entré dans la vie de ses contemporains.
« Quand ce temps fut écoulé, il eut faim. » Avoir faim, c’est ressembler à tous ceux qu’il va rencontrer ; c’est partager le manque qui caractérise tout être humain. Avoir faim c’est reconnaître qu’on a besoin d’autrui. Jésus a bien connu ces hommes et ces femmes qui savaient mettre leur temps au service de la communauté afin d’apaiser leurs besoins : le paysan qui cultive la terre pour y semer et moissonner le blé, la femme qui pétrit la pâte où elle a mis un peu de levain. Jésus, entrant dans la société, est présenté comme n’importe lequel de ceux dont il partage le destin. Il a faim, il a besoin d’autrui pour vivre.
Sortir de soi et partager le pain
Jésus acceptant d’avoir faim nous révèle deux choses qui nous éclairent si nous voulons marcher à sa suite.
D’abord attendre de recevoir du pain c’est sortir de soi. « Le diable » dont parle l’Evangile lui suggère de transformer les pierres en pain. Faire un miracle pareil c’est organiser le monde en fonction de soi-même : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains. » En fin de compte il refuse d’être le centre autour duquel il organise son existence. Et celui qui est la figure du mal insiste. Qu’il se jette du temple : ce sera un beau spectacle que les foules applaudiront. En réalité Dieu en Jésus ne joue pas la comédie ; il ne peut chercher à attirer les regards sur lui ‘Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas !'. Projet impossible ! S’il veut nous rejoindre c’est dans notre pauvreté.
« Si tu es fils de Dieu... » dit l’adversaire. Mais précisément parce qu’il est Fils de Dieu, il ne peut révéler ce qu’il est qu’en s’abaissant pour partager notre condition. Il ne peut, à moins d’être infidèle à sa mission, jouer le jeu du pouvoir qui voit en autrui un rival dont il faut se protéger. Dieu ne veut pas s’imposer à nous mais il ne peut tenir en humanité sans notre reconnaissance.
Jésus veut faire entendre également ce que nous n’avons pas de mal à comprendre : autour du pain que nous donnons ou recevons se crée un lien qui implique la parole. Manger son pain seul est inhumain. « L’homme ne vit pas seulement de pain. » Le pain implique la convivialité ; il fait humains ceux qui le mangent dans la mesure où ils savent vivre c’est-à-dire dans la mesure où il unit des amis qui se parlent. La parole qui unit les convives est aussi précieuse que le pain qui les nourrit. Une parabole inventée par Jésus montre combien ce mystère est à notre portée. Il parle d’un personnage qu’un voisin n’a pas peur de réveiller ; il reçoit des amis mais il n’a pas de pain. La situation est grave à ses yeux et mérite que, contre toutes les bienséances, on appelle son entourage. Le pain partagé sauvera l’amitié qui s’exprimera dans les propos échangés.
Entrée en Carême
Nous écoutons cet évangile à un moment où nous entrons dans le Carême, une certaine forme de quarantaine. Au terme de la vie de Jésus la parole devient le message que les femmes recevront au bord d’un tombeau. En Jésus la parole triomphe : cette quarantaine de jours que nous vivons conduit à célébrer cette victoire. A notre tour nous dirons à qui veut bien l’entendre en quoi consiste cette victoire : « Il est ressuscité, le Verbe de Dieu. »
Croyants nous sommes les héritiers et les serviteurs de cette parole. Ne restons pas en quarantaine. Nous avons à nous rappeler notre vocation. Cela suppose que nous nous laissions envahir par une parole qui soit évangélique. Une parole évangélique ne parle pas nécessairement de Dieu. Elle implique que nous entrions dans la vie collective des hommes.
Une parole évangélique conduit à partager le pain avec tous à commencer par les plus démunis. Ceux-ci sont dans nos rues. Ils sont aussi dans d’autres pays dont nous devons nous sentir solidaires. La communauté humaine, aujourd’hui plus que jamais, nous rend proches du monde entier.
Une parole évangélique conduit à ouvrir les yeux sur nos proches dont parfois nous nous sommes séparés. Préparons-nous à sauver nos relations quand c’est possible.
Une parole évangélique conduit à découvrir que ceux dont on désire le départ, réfugiés ou migrants, peuvent devenir des frères.
Sauvons la parole, donnons-la à ceux qui en sont écartés. Sauvons la parole c’est le seul moyen de faire reculer la violence.
Michel Jondot
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Alors Jésus fut tenté
Première tentation
Nous devons donner sans compter, mais nos possibilités sont réduites. Alors il nous faut faire des choix, mais comment choisir ? Comment calculer quel temps donner
à une activité, quel engagement accepter et quel autre refuser ? La plupart du temps, notre critère est : « Qu’est-ce que ça va m’apporter ? » Si ça
ne m’apporte rien, si j’ai l’impression de perdre mon temps, autrement dit si je n’y trouve pas mon compte, j’abandonne pour m’orienter vers autre chose de plus enrichissant
pour moi. Ainsi une vie réussie est une existence où ce que nous avons fait nous a enrichis, où ce que nous avons vécu nous a beaucoup apporté.
Et le démon s’approcha de Jésus et lui dit : « Regarde tout ce qu’à mon contact la vie va pouvoir t’apporter, considère de quelles richesses tu peux être comblé ! »
Et Jésus fut tenté… tenté de vivre en fonction de ce que l’existence pourrait lui apporter. « Au bout de quarante jours dans le désert, il eut faim… alors le démon
s’approcha de lui et lui dit : « Ordonne que ces pierres deviennent du pain. »
Ainsi Jésus est devant un choix : ou bien il se sert de la nature pour qu’elle lui apporte ce qui lui manque : la nourriture pour combler sa faim, ou bien il laisse
la nature être ce qu’elle est : il reconnaît qu’il est dans le désert et que, dans ce désert, il y a bien des pierres mais il n’y a pas de pain.
« Puisque tu en as le pouvoir, lui dit le démon, prends donc ce qui va te satisfaire pour apaiser ta faim. » Mais jésus ne suivra pas le démon. Il préfère rester
sur sa faim plutôt que d’orienter la nature vers ce qui lui convient.
« L’homme ne vit pas seulement de pain », dit Jésus qui se soumet aux lois de la nature plutôt que de soumettre la nature à son propre appétit.
Deuxième tentation
« Certes, dit le démon qui suit Jésus pas à pas et n’est pas contrariant, tu as raison : l’homme ne vit pas seulement en fonction de son ventre, il vit aussi
pour être en compagnie d’autres hommes. Il n’est pas fait pour le désert mais pour la société des hommes. » « Et il emmena Jésus plus haut »… plus haut
dans la tentation ; il lui montra toutes nos sociétés humaines.
Et Jésus fut tenté… tenté de vivre en fonction de ce que les hommes pourraient lui apporter.
Au bout de ce temps dans le désert, Jésus a faim de rencontres humaines. Alors le démon s’approcha de lui et lui dit : « Vois ce que tous ces hommes vont pouvoir,
grâce à moi, t’apporter ! »
Et Jésus est devant un choix :
- ou bien il se sert des hommes pour recevoir d’eux gloire et puissance,
- ou bien il renonce à vivre au milieu des hommes en fonction de ce qu’ils vont lui apporter.
« Puisque j’en ai le pouvoir, lui dit le démon, prends donc la puissance et la gloire que je peux te donner. Puisque tu t’es soumis aux lois de la nature, soumets-toi
aussi à celles du monde. Accepte cette loi qui fait que les hommes vont toujours les uns vers les autres en fonction de ce que ça va leur apporter, en fonction de la richesse
qu’ils pourront en tirer. »
Mais Jésus ne suivra pas le démon. Jésus refuse la loi du monde. Il préfère rester sur sa faim de rencontre plutôt que d’aller vers les hommes en fonction de ce qu’ils
vont lui apporter. « Je ne me prosternerai pas devant cette loi, dit Jésus, car il y a plus grand que les hommes et leurs sociétés, il y a la loi de l’Ecriture, la loi
de Dieu :
« Il est écrit : tu te prosterneras devant Dieu seul et c’est lui seul que tu adoreras. »
Troisième tentation
« D’accord », dit le démon qui, pour arriver à ses fins, est prêt à suivre Jésus jusqu’au bout. « Tu as raison : l’homme ne vit pas seulement pour
satisfaire son appétit, il ne vit pas seulement pour s’enrichir au contact des autres hommes, il vit pour être en compagnie de Dieu : car l’homme n’est pas fait pour
les royaumes de la terre mais pour celui des cieux. » Et il emmena Jésus au sommet de la tentation, « au sommet du Temple », le siège de Dieu.
Et Jésus fut tenté… tenté de vivre en fonction de ce que Dieu pourrait lui apporter. Au bout de quarante jours dans le désert, ayant renoncé à combler sa faim de nourriture
et sa faim de rencontre humaine, seule la faim de Dieu demeure pour Jésus.
Alors le démon s’approche encore de lui et il cite lui-même l’Ecriture, la loi de Dieu : « Il est écrit, dit-il, il donnera pour toi à ses anges l’ordre de
te garder » et encore : « ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Et Jésus, pour la dernière fois, est devant un choix :
- ou bien il se sert de l’Ecriture pour montrer tout ce que Dieu peut lui apporter,
- ou bien il accepte de renoncer jusqu’à citer l’Ecriture plutôt que de s’en servir en fonction de ce qu’elle peut lui apporter.
« Il est dit : tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu », dit Jésus qui refuse de faire intervenir l’Ecriture et Dieu en fonction de ce que
ça pourra lui apporter.
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentation… ayant renoncé à se servir de la nature, des hommes et de Dieu pour sa satisfaction, son honneur et sa gloire,
ayant refusé d’orienter la nature, le monde et Dieu vers lui, Jésus désoriente le démon lui-même : « le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé ».
La tentation
Car il n’est, au bout du compte, qu’une seule tentation : celle de faire tourner la nature, les hommes et Dieu autour de soi-même ; celle de rapporter tout à soi et
à son propre intérêt, celle de ne pas sortir de soi. La tentation, c’est de se servir de tout, y compris Dieu, en fonction de ce ça nous apporte… et de nous séparer
de ce qui ne nous apporte rien, de nous séparer des autres ou de Dieu lorsqu’ils semblent ne plus rien nous apporter.
La tentation, c’est de vouloir mettre le monde et Dieu à notre service, au service de nos attentes, de notre volonté et de nos appétits. Jésus, lui, reste sur sa
faim. Il ne cherche à tirer profit ni de nous, ni de Dieu. Jésus laisse la nature être ce qu’elle est, il laisse chacun de nous être ce qu’il est, il laisse Dieu être
Dieu, car il nous aime. Il nous aime gratuitement et tels que nous sommes lors même que ça ne lui apporte rien, lors même que ça le conduit à la mort.
Jésus aime la nature, les hommes et Dieu gratuitement et sans défaillance, comme Dieu aime gratuitement et sans défaillance Jésus, chaque homme et toute sa création.
Il ne cherche rien pour lui. Il ne cherche pas son intérêt. Il nous permet d’être ce que nous sommes librement devant lui. Nous sommes libres devant lui. Nous n’avons pas
à avoir honte, nous n’avons pas à avoir peur d’être ce que nous sommes. Jésus nous sort de la peur de ne pas être « à la hauteur ». Il nous rend libres. Alors
nous recevons bien plus que ce que nous pensions : il nous donne son Esprit pour aimer comme il nous aime ! Avec Lui, nous ressuscitons !
Christine Fontaine
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